MiBiOmics, quand l’informatique rencontre la biologie
Le travail de Johanna Zoppi avec la création d’une application bioinformatique répond à la demande d’intégrer simultanément différents jeux de données pour en analyser les liens de corrélation. MiBiOmics est une application disponible sur le web qui permet d’intégrer trois jeux de données et de les associer entre elles.
Arrivé·es à ce stade, vous vous demandez sûrement quels genre d’informations sont étudiées avec cet outil ?
L’idée est de pouvoir intégrer des données biologiques correspondant à différentes échelles d’études des paramètres physiologiques de l’individu.
Par exemple, nous nous intéressons à des données macroscopiques de la personne elle-même, comme son poids, son âge, sa taille, son sexe ; des données sur son comportement, son caractère, son état psychologique qui peuvent être quantifiées par divers tests, etc. Il est ensuite possible de descendre d’un niveau et d’intégrer des données de fonctionnement des organes, comme par exemple la perméabilité de l’intestin, ou encore l’efficacité du transit. Une fois récoltées, elles peuvent être encore affinées en passant à l’échelle cellulaire pour observer les informations de la barrière intestinale ainsi que son fonctionnement et analyser les protéines de jonction par exemple. Enfin, si nous changeons encore une fois d’échelle, il est possible d’étudier les bactéries et autres composants de notre microbiote, mais aussi les gènes de leur hôte.
Il s’agit ainsi d’une exploration « multi-omique ».
Pour cela, Johanna Zoppi a créé une interface très didactique qui permet aux biologistes de pouvoir faire par sois-mêmes ses analyses. Elle-même utilise son application pour étudier les liens entre stress, déséquilibres du microbiote et tube digestif.
Le stress n’épargne personne
De nombreux facteurs environnementaux influencent l’équilibre microbien et la réponse immunitaire de l’hôte.
Le stress peut être l’un de ces facteurs.
Vous avez sûrement déjà ressenti des désagréments intestinaux alors que vous êtes coincé·es dans les embouteillages ou que vous vous apprêtez à passer un entretien important. Bénéfique à petite dose, l’exposition chronique au stress est reconnue pour être un facteur aggravant dans le développement et l’évolution de maladies chroniques.
Dans sa thèse, Johanna Zoppi s’interroge sur les interactions entre le microbiote, l’intestin et le cerveau, et questionne l’effet du stress sur ce trio. Son travail permettra de mettre en lumière les interactions entre un microbiote déséquilibré à cause du stress et l’installation ou l’aggravation de maladies chroniques.
Pour ce faire, Johanna Zoppi étudie différentes données biologiques. Elle analyse principalement l’état de la barrière intestinale et sa perméabilité, ainsi que l’expression des gènes dans les cellules épithéliales.
De plus, elle étudie la composition bactérienne contenue dans l’intestin en ayant accès à un gène spécifique.
Dans son projet, elle a fait le choix d’étudier les bactéries se situant dans deux environnements différents : les bactéries luminales, celles qui se trouvent dans le centre du tube digestif, dans « la lumière de l’intestin », et les bactéries adhérentes, celles qui se trouvent dans le mucus, en contact avec la paroi de notre tube digestif.